Le
07/05/2001 -- A Ivry, les friches
industrielles deviennent des ateliers d'artistes. Il existe déjà 180
de ces ateliers dans le Val-de-Marne, et 70 sont en cours
d'aménagement. Dans le quartier du Port, à deux pas de la Seine, rue
Molière, 20 Ateliers sont installés dans d'anciens entrepôts. «
Ces logements participent à la diversité de l'habitat. Après de
sombres années, le quartier du Port retrouve la vie et une nouvelle
activité. Enfin, le patrimoine industriel est en partie sauvegardé
», souligne-t-on en mairie. Les surfaces des ateliers de la rue
Molière sont en moyenne de 100 m² avec 50 m² de mezzanine. Elles
peuvent atteindre de 400 à 500 m2, comme le constate le conseil
d'architecture du Val-de-Marne. Tous les métiers « branchés » sont
représentés : multimédia, architectes, comédiens, danseurs,
verriers, musiciens, peintre photographes.
Les architectes retenus pour cette reconversion sont Corinne Lamberty
et Olivier Gounon-Ascain.
«
Ces lieux correspondent à l'évolution de professions où la
frontière entre le travail et l'habitation devient floue. Et, d'une
manière générale, les gens ne veulent plus travailler ni habiter de
façon traditionnelle.
Si l'on travaille chez soi dans un immeuble habituel, on se
retrouve isolé toute la journée. Or, ici, il y a à toute heure des
échanges entre personnes des différentes professions. D'où une
richesse, une créativité permanente », explique Pierre Bertheau,
promoteur et maître d'ouvrage de la rue Molière. De fait, cette
ruche irrigue la vie locale. Les enfants en sont parfois les vecteurs.
« Ils invitent leurs amis. Ils organisent des anniversaires,
participent à des fêtes du quartier. Ainsi se créent des liens »,
poursuit Pierre Bertheau qui, lui aussi, habite le quartier. On
remarque même que le commerce local augmente son chiffre d'affaires,
notamment les cafés.
Comment
se constituent ces ateliers d'artistes ? Impossible juridiquement
d'acheter une usine à l'abandon et de s'y installer sans autre forme
de procès. « La procédure est complexe », prévient Pierre
Bertheau. Il se souvient que le phénomène a débuté lors de la
création de squats dans les années 70. Peu à peu, les artistes
squatters ont obtenu des baux précaires jusqu'à aujourd'hui où les
pratiques se sont professionnalisées avec la constitution de SCI. «
Nous achetons une friche industrielle. Nous consultons des
architectes. Par cooptation, nous choisissons les membres de la SCI
qui obtiennent, selon leurs possibilités, des parts dans une
copropriété », explique Pierre Bertheau. Là surgissent d'autres
difficultés juridiques.
En
effet, le plan d'occupation des sols (POS) prévoit que ces anciennes
usines soient des espaces d'activité, non d'habitation. « Aussi, il
faut négocier, obtenir un permis rectificatif pour respecter le POS
et la réglementation, notamment en matière de sécurité », ajoute
Pierre Bertheau, qui a déjà à son actif la construction de 300 à
400 ateliers d'artistes à Montreuil, Cachan, Le Pré-Saint-Gervais.
Un
an à 18 mois sont nécessaires pour mettre sur pied une telle
opération. Le mètre carré est alors évalué dans une fourchette de
5 000 à 7 0(X) francs. L'atelier se revend au prix du marché. Donc
beaucoup plus cher. « Quand on contacte une ville pour faire des
ateliers d'artistes, il est rare que nous soyons bien reçus. Nous
passons pour des gêneurs », dit pourtant Pierre Bertheau.
En
résumé, si l'on souhaite occuper un atelier d'artistes, la seule
solution légale est de participer à la SCI dès sa constitution ou
de racheter des parts. « Dans ce cas, les copropriétaires se
réunissent et donnent un avis sur le nouvel arrivant. II y a parfois
des refus, déclare l'architecte Olivier Ascain, et la liste d'attente
est longue. »
Comment
procèdent les professionnels pour aménager les locaux ? « Rue
Molière, un bâtiment était au bord de l'écroulement. Nous avons
refait les toitures. Nous pratiquons dans les règles de l'art des
ouvertures dans les façades pour faire venir la lumière. Nous
récupérons toujours l'ancien, par exemple les verrières, quand il
est récupérable », souligne l'architecte. Une mezzanine est
aménagée et l'ensemble est livré comme une boîte vide.
STATION D'ARCHITECTES
Internet : corinne.lamberty@cegetel.net
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